Votre avis sur le film

Donnez votre avis sur le film et discutez-en avec ceux qui l'ont fait. Nous répondrons ici à chacune de vos questions.

NOTES D'INTENTIONS

Il est important d’avoir vu le film avant de lire ces notes d’intentions.

Avant même que vous commenciez à lire les notes d’intentions, j’aimerais m’exprimer sur le pourquoi de leur existence ici. Tout d’abord, je sais que plus les notes d’intentions sont longues, plus elles ont tendance à être considérées comme prétentieuses par un certain nombre de personnes. Aussi, ces personnes restent libres de le penser, ce n’est pas à moi de juger le jugement d’autrui sur ma personne.
Si ces notes d’intentions sont si longues pour un court-métrage de dix minutes, c’est parce que je prends mon temps à réfléchir au moindre élément qui compose mes films. Aussi, cela ne veut en aucun cas dire que le film est bon ou mauvais. Des notes d’intentions, comme leur nom l’indique, ne sont que des intentions, et c’est à vous, spectateur de décider si je les ai retranscrites correctement ou non. Pas à moi. Celles-ci ne sont, au pire, que des intentions, au mieux, que des pistes de lectures.

L’adaptation
Pourquoi une adaptation ? Tout d’abord, parce que j’ai du mal à écrire pour un format court. C’est pourquoi j’avais pensé ne plus jamais faire de court-métrage classique et plutôt me pencher vers des courts de type série avec un « à suivre » à la fin, ou vers ce qui s’approcherait plus ou moins de longs-métrages. Puis, j’ai reçu une proposition de Frédéric Mingas d’adapter une de ses nouvelles. Je me suis alors dit que ce serait une bonne idée et surtout une bonne façon de ne pas perdre la main. Seulement, il fallait encore qu’une de ses nouvelles me plaise et qu’elle me paraisse adaptable. Par chance, Frédéric Mingas écrit dans un genre que j’apprécie beaucoup, à savoir le fantastique et l’épouvante, et son style est assez proche de celui d’un de mes écrivains préférés, à savoir Stephen King. Mais c’est réellement quand j’ai lu « Club Privé » que j’ai été le plus attiré. Peut-être parce que le rapport à l’œuvre de Stephen King se mêlait pour moi à celui d’un autre de mes écrivains préférés, à savoir Chuck Palahniuk et notamment son célèbre roman « Fight Club ». Je n’ai d’ailleurs pas demandé à Frédéric si c’était fait exprès ou non, toujours est-il que c’est comme cela que mon imaginaire fut séduit. Et à partir de là, je me suis demandé quelle pouvait-être ce fameux « Club Privé » et je me suis mis à imaginer pas mal de choses lui procurant une certaine mythologie pour laquelle Frédéric avait laissé une porte grande ouverte. Seulement, il était hors de question pour moi de transposer cette nouvelle à l’écran, mais bel et bien de l’adapter. C’est-à-dire que l’univers de Frédéric devienne le mien sans pour autant qu’il soit trahi. Maintenant, c’est à lui de juger si mon traitement est intéressant ou non.

La relation au cinéma populaire italien
Ça fait des années que je suis obsédé par un sketch de « Les Trois Visages de la peur » de Mario Bava intitulé « La Goutte d’eau », et pour moi, ce court-métrage allait me permettre de payer mon tribu à ce film, ou du moins à l’idée que je m’en suis fait au fil du temps. Le scénario partant vers une violence purement graphique, j’ai alors pensé qu’il serait pas mal de faire un film qui serait un hommage à ce que je considère comme un certain âge d’or du cinéma populaire italien, et notamment à ce grand maître qu’est Dario Argento. Et la structure même du film me permettait de faire cela puisqu’il y a deux moments très différents dans la conversation entre les deux personnages, et que le moment où celle-ci devient violente serait celui où la lumière changerait également. C’est-à-dire que nous passons du fantastique au réel, du mental au concret. C’est pourquoi la première de ces deux parties nous renvoit au cinéma d’Argento de la période Suspiria / Inferno avec des couleurs volontairement exagérées et complètement surréalistes qui éclairent à la fois les personnages mais également les objets importants, laissant tout le reste dans l’ombre. Puis vient le coup de couteau, on utilise alors alors une transition qui est amenée par la porte qui se ferme amenant avec elle l’extinction de cette lumière « fantastique ». Et à partir de là, nous sommes clairement dans un univers réaliste, soit plus vers « Ténèbres » toujours de Dario Argento. Au sujet de l’utilisation des couleurs dans la partie dite fantastique, on a essayé avec Mathieu Gasquet, le directeur photo, d’avoir deux environnements, un rouge et un bleu, soit un environnement par personnage et c’est lorsque l’un de ses deux personnages s’approche de l’autre que la lumière commence à se détraquer jusqu’à ce que toute cette lumière disparaisse lorsqu’il est totalement de l’autre côté.

L’amour et la mort
Moi, je vois ce film, non pas uniquement comme une adaptation, mais également comme une suite directe du précédent, à savoir « 2005 ou l’ironie de la vie », ce que j’ai souhaité marqué par la photo déposée sur la table de chevet de Zelda-Rosset Colon, une actrice qui était déjà la cause des tourments du personnage principal de « 2005 » et qui l’est toujours ici, donc. Mais surtout, si j’aime voir ce film comme une suite, c’est parce qu’il me semble que l’on ait dans la phase suivante d’une rupture amoureuse, à savoir le repli sur soi et surtout la souffrance, ici symbolisée par l’agonie du personnage qui mène à sa mort, terminant ainsi le lien entre Eros et Thanatos. Parce que dans un sens, je pense que oui, c’est comme ça, une véritable rupture, un divorce, quelque chose qui vous fait vraiment mal, vous avez l’impression de souffrir également physiquement et après, notre vie change, on n’est plus le même. D’où la mort du personnage, parce que d’une certaine façon, celui qui ressortira de cette rupture ne sera plus le même homme, ce sera quelqu’un d’autre. Ce qui ne signifie pas pour autant que mon prochain court-métrage sera un film de zombie (quoi que…).
Après, il est certain que ce court-métrage a une valeur autobiographique sur certains points que je ne dévoilerais pas forcément. Mais je pense que de toute façon, quand on fait des films, on y injecte automatiquement une part de soi, sinon je ne vois pas l’intérêt d’en faire. Pour moi, faire des films, c’est une manière de faire sa propre psychanalyse. On a des problèmes, on souffre, alors on va expulser ça dans sa création, et c’est en quelque sorte ce qui va nous faire avancer. Après, je ne dis pas que c’est une vérité absolue, toujours est-il que c’est comme ça que je le vois.
J’aimerais revenir sur un point, ce n’est pas forcément une note d’intention, mais c’est un point à préciser, donc autant le faire. Le personnage de Louis Martel, soit le plus âgé des deux, tient certains propos à caractère que l’on peut considérer comme mysogine, par exemple. Il me semble important de signaler qu’il s’agit d’un personnage de fiction, et que ces propos ne reflètent pas ce que moi, je pense. Ce que dit un personnage, surtout lorsqu’il est, comme ici, le « méchant de l’histoire » n’est pas forcément ce que pense le réalisateur. Et s’il tient de tels propos, ce n’est pas parce qu’il est lui-même mysogine d’ailleurs, mais bien parce qu’il teste celui qui est en face de lui. Il cherche à voir si par ces mots, il réussira à le détruire psychologiquement, avant finalement de le détruire physiquement.

Le réveil
Tout d’abord, tout provient d’un rêve que mon père a fait et qu’il m’a ensuite raconté. C’est pourquoi je l’ai mentionné au nom de co-scénariste, bien qu’il n’ait pas physiquement participé à l’écriture du scénario. Ce rêve, c’est exactement le début et la fin du film que vous avez vus, à savoir tout ce qui concerne le réveil. Evidemment, j’ai trouvé le concept très intéressant puisque cela signifie que, croyant régler simplement son réveil de manière tout à fait normal, notre héros programme en réalité sa propre mort. Et puis, ça fait un peu Del Toro, le fait finalement de créer une relation entre le mécanisme de l’horloge et celui du corps humain. En fait, c’est comme si, le réveil illustrait l’histoire, j’aime beaucoup. Suite à cette idée du réveil, tout le film en devient rythmé par le temps qui passe, le tic-tac du réveil devient celui de la pendule qui se confond avec le plic-ploc du robinet pour redevenir le tic-tac du réveil. J’aime considérer cela comme un compte à rebours vers la mort, en quelque sorte.
Pour les plus attentifs, l’heure qui est affichée au début sur le réveil est 20h05, ce qui est une autocitation, par rapport à mon court-métrage précédent. Dernier détail concernant le réveil, la première fois que j’ai raconté l’histoire à une amie, elle m’a dit que l’on pouvait ainsi croire que tout ceci n’était finalement qu’un rêve. Suite à cette idée, j’ai donc laissé la porte entrouverte pour cette interprétation, même si un détail dans le film devrait vous montrer quelle est ma préférence entre ses deux versions de l’histoire.

Autres choix de réalisation
Alors, s’il y a bien un choix de réalisation que l’on va forcément me reprocher, et que pourtant, j’ai décidé de garder impérativement, c’est bien le travelling arrière du début où l’on voit le jeune à l’intérieur de l’œil de Louis Martel. Maintenant, je peux effectivement comprendre que le concept même ne plaise pas où que l’esthétique du plan puisse poser problème mais je cautionne ce plan à 200 %. Car pour moi, ce plan a une signification symbolique importante, il signifie avant même que le dialogue commence que le jeune est prisonnier de l’univers de Louis Martel, et je n’ai pas trouvé de meilleure façon que celle-ci pour l’exprimer.
Cela n’échappera à personne que le film est monté en champ contre-champ, je suppose. En revanche, ce qui vous échappera peut-être est que j’ai tenu à ce que chaque plan du champ ait la même durée que celui du contre-champ. Ce qui fut très difficile au montage puisqu’il me fallait imposer un rythme et chercher à créer une tension tout en sachant que mes durées de plans fonctionnaient par deux. Par ce biais, je voulais justement réaliser un film dont toute la tension naîtrait du montage et de la durée des plans, plus que des choix des cadres, du moins dans la partie en question, puisqu’ensuite, tout est chamboulé, et le chaos de la mise en scène, volontairement à l’épaule, se retrouve également dans le montage qui, cette fois-ci est entièrement soumis au cadre et n’a plus ce « soucis » de durée. Maintenant, lorsque je vois le film, je pense que ces choix étaient les bons, mais c’est aussi à vous d’en juger et peut-être que certains penseront que l’idée était mauvaise finalement.

Alors cher John.

Déja, en tout sincérité, j'aime ton court métrage, je trouve qu'il y a une cohérence stylistique, des audaces, des choses qui marchent et que cela rompt avec ce que tu as fait avant tout en s'inscrivant dans une continuité.

Maintenant, très personnellement, il y a des choses qui me gène.

Je trouve qu'au niveau des cadres et du montage la monté en tension marche bien, mais il y a une chose qui, je trouve, empêche que cela soit plus fort , voir ramollit la scène, c'est la musique qui vient vers le milieu du dialogue et qui se prolonge lorsque le jeune homme se lève. Quand on avait tourné ce plan je le trouvé vraiment bien mais surtout assez angoissant (ce qui etait le but visiblement); le jeune homme se lève, une arme a la main, marche vraiment lentement, cela part de l'ombre du couteau, on sent vraiment que c'est un moment clé ou on passe de l'autre coté du métrage (autant dans le déroulement scénaristique que géographiquement). Sauf que la musique, reste la même juste avant et pendant ce plan, il y a quelque chose de vraiment atténué du coup dans l'atmosphère je trouve, ca donne une forme d'unicité a ce passage alors que justement ton court métrage, qui est vraiment court, est une evolution permanente et surtout visible.
Ensuite au niveau des plans, lorsque Martel enfonce le couteau dans la jambe du jeune homme, je trouve qu'il y a vraiment un problème avec ce plan ou la porte claque, on a l'impression de voir la séquence fantasmé dans The Blade ou les combattant sont arrété, et se mettent tout de suite a combattre, comme si c'était chorégraphié. J'ai l'impression que l'idée pour ce plan etait que le temps s'arrêtait un peu jusqu'à ce que la port se referme et donc que le coup de couteau parte, mais je trouve qu'il y a quelque chose qui cloche, on voit qu'ils attendent... peut etre a cause du fait que l'acteur change sa direction de regard durant le plan, ca casse l'effet de staticité. Et entre le plan de l'horloge et ce plan ci, il y a un plan qui doit faire juste quelques images mais qui moi m'a vraiment choqué dans le montage.
Après je trouve dommage que la photographie ne laisse pas voir certaines zones, comme le moment ou le jeune homme se fait trancher la gorge, c'est dans un noir complet et on ne voit pas le jeune homme "gerber" le sang (a la limite ne pas le voir se faire trancher pas grave, de toute facon c'etait en plongé, mais c'est dommage de ne pas voir son gros crachat de sang. Après ca moi je te l'avais déja dit, le moment ou le jeune homme arrive derrière Martel qui lui prend le couteau se passe trop vite, on ne voit pas qu'il hésite (ce pourquoi donc Martel lui prend le couteau).
Et petit détails , c'est dommage la machine a café dans le champs je trouve, c'est bien qu'il y est un objet, assez volumineux (sinon ca aurait été trop vide), mais autre chose qu'une machine nescafé (je ne sais pas bien quoi).


Mais j'aime comment tu mènes l'évolution de ton film, il y a des idées de mise en scène qui sont vraiment intéressantes, même si je pointe du doigt certaines chose qui , il me semble, lui nuise un peu. Et surtout c'est vraiment bien comment tu as rattrapé le coup du texte de l'acteur grâce au montage et a l'ambiance, ca passe beaucoup vraiment bien, meme si, personnellement j'aurais fait d'autres répétition pour la pour travailler la facon de dire le texte (sur certaines phrases c'est dommage qu'il marque des tres léger temps d'arret).
Quand au plan de l'oeil, moi c'est un plan que je trouve tres bien et que tu as eu raison de garder, je le trouve essentiel même, bon apres au niveau de l'effet spécial, je pense que c'etait pas facile, mais tu as eu raison de le garder (néanmoins ca passe bien).

En tout cas, toutes mes félicitations cher confrère.

Pour commencer, merci d'avoir donné ton avis sur le film.
Je vais tâcher de répondre à tout cela.
Pour commencer, concernant le plan où le jeune homme avance avec le couteau, même si ce que tu dis est intéressant, l'angoisse n'a en réalité jamais été le but recherché dans ces plans, on reste dans la même atmosphère, mais il s'agit d'une transition et non d'un véritable changement. La musique composée par Charlène ne devait pas marquer ce changement puisqu'il n'existe pas. La véritable transformation d'atmosphère a lieue lors du meurtre et là, effectivement, plus de musique, la porte se ferme et la lumière se transforme par la même occasion. Maintenant, quand on est sur un tournage, comme ce fut le cas pour toi, il y a effectivement une différence entre le film que l'on se fait dans notre esprit et le film que le réalisateur a en tête. Malheureusement, ici, cela n'était pas la même chose.
Ah, maintenant, je vais aller dans ton sens, par contre. McTiernan disait à propos de Die Hard qu'il pensait l'avoir réussi parce que le résultat final de son film équivallait à 20% de ce qu'il avait en tête. Sur un court-métrage, on peut en général largement augmenter ce pourcentage. Et je dirais que Club Privé ressemble à 70 % à ce que j'avais en tête. Malheureusement, il y a ce passage dans le film où Louis Martel plante le couteau dans la jambe. Je l'ai foiré, et il me fut impossible de rattraper cela au montage. Aussi, ce que tu vois est le mieux que j'ai pu faire. Je vais essayer de t'expliquer. En fait, il aurait fallu que dans le plan où Louis Martel plante le couteau, celui-ci continue de parler afin que cela soit parfaitement raccord.
Sinon, il aurait fallu un plan supplémentaire où l'on voyait la porte claquer en gros plan sans personne dans le champ. Ainsi, le spectateur ne se serait pas rendu compte de l'attente en question. Seulement, et c'est entièrement ma faute, je ne m'étais pas rendu compte de cela au tournage, ni même avant en faisant mes storyboard. J'ai donc opté pour une solution "entre-deux" qui est passée inaperçue chez la plupart des gens qui ont vus le film, mais que tu as remarqué. J'ai inséré un plan quasi-subliminale de la porte en gros plan qui ne se referme pas en pensant que le temps que le cerveau du spectateur digère ce plan, il n'a pas le temps de faire attention aux détails dans le cadre suivant, et donc au fait que Louis Martel attend, c'est donc le mouvement de son bras qui est censé "réveiller" le spectateur. Maintenant, l'autre solution était de ne pas claquer la porte. Mais là, gros problème de raccord car si on ne claque pas la porte, la lumière n'a aucune raison de changer. Bon, t'es le seul à avoir remarqué cela pour l'instant, même si maintenant qu'on en parle...Maintenant, artistiquement, ça se justifie aussi avec la dilatation du temps. Mais bon, tout se justifie artistiquement en même temps, lol. Et là, effectivement, je n'aime pas ce passage non plus. Bon, t'es le premier à le remarquer donc ça va.
Concernant le moment où il se fait trancher la gorge. Deux choses. La première, c'est qu'on voit bien mieux sur une télé que sur Dailymotion. La seconde concernant la gerbe de sang, c'est que c'est voulu. Car ce n'est pas la lumière qui est à mettre en cause mais l'étalonnage. En fait, la gerbe de sang est bien présente par terre et on peut l'apercevoir si on regarde bien. Seulement, notre choix à Mathieu et moi était de ne pas mettre le sang trop en valeur et d'opter pour une photographie plus sombre. Mais particulièrement, dans ce plan, le fait de mettre la gerbe de sang en valeur poserait problème car nous irions dans le grand-guignol et cela n'est pas du tout le but recherché. Il y a déjà un détail de ce genre dans le plan, à savoir la trace de main sur le mur et en mettre deux sortirait totalement le film de son contexte et de son but recherché à ce moment-là. C'est-à-dire que plutôt que de montrer la souffrance de manière viscérale, nous tomberions dans l'aspect grand-guignol, donc fun de celle-ci.
Bon, pour la cafetière, j'aime bien moi, je sais pas quoi dire. Je trouve que ça fait un rappel par rapport à la forme du robinet en plus.
Concernant les répétitions, comme tu le sais, le temps nous manquait. Le tournage a dû être lancé très rapidement, et on a eu très peu de temps de préparation, il a fallu acheter les accessoires, tout préparer, ça a été le vrai rush. Et je le regrette, car si cela n'avait été pour une question d'emploi du temps, nous aurions pu plus préparer le tournage. En tous cas, c'est de ma faute, et je le conçois tout à fait.
Pour le plan de l'oeil, j'appréhendais car comme je sais qu'il y a toujours des vieux réac' qui sont contre tout effet spécial numérique.

Eh bien je dois dire que ce film se révèle intéressant à plusieurs niveaux.

Tout d'abord, je ne m'attarderais pas sur les défauts du film. Il y a certes un problème de raccord, mais c'est plus pour sauver le travail fourni sur le plateau qu'une réelle erreur de montage. Il y a aussi une inégalité technique au niveau du son, mais là encore ce n'est pas quelque chose qui m'a dérangé, m'identifiant totalement sur le manque de moyen et de temps pour la création du film.

Ce qui va te faire plaisir et te rassurer, c'est que tes notes d'intentions sont de manière globale l'interprétation que je m'en suis faite. Que ce soit le découpage technique (intéressante idée du contre-champ), l'utilisation des couleurs et le contraste entre l'ombre et la lumière, l'obsession thématique du temps, de la mort et de l'amour m'ont apparu comme quelque chose d'évident.

Mais surtout, ce qui m'a le plus touché, c'est que j'ai retrouvé finalement un univers "placidien", si je puis dire. J'aurais vu ce film, dans une autre condition, sans savoir que c'était toi, que je me serais dit très sincèrement que cela ressemblerait à ton "univers".

Il y a donc bel et bien une réappropriation et surtout un film de mise en scène, quelque soit les moyens ou les imperfections techniques.

Le film est métaphysique, allégorique, symbolique, autobiographique (on sent que les dialogues sur l'argent est quelque chose de très personnel, par exemple, de même que cette notion de rupture qui fait corps avec ton esprit du moment).

La mise en scène est intéressante, même si j'ai ressenti un chaos plus atmosphérique qu'émotionnel.

La violence est pénible, mais ce n'est pas un terme péjoratif. On sent l'agonie et la souffrance, d'une manière cruelle et féroce. C'est un point assez fascinant, tu as filmé la préparation de la violence d'une manière cinématographique et esthétisante, donc sous une forme artistiquement ambigüe, propre au code d'un certain cinéma fantastique (et le cinéma d'Argento et de Bava m'a sauté aux yeux), tout en filmant la violence elle-même comme un acte d'une laideur sans nom. Ce rapport stylistique m'a semblé intelligent car propice à une certaine réflexion sur le ressenti de la visualisation et de la représentation d'une forme d'émotion.

Voilà !

Concernant le son, il est meilleur également sur le dvd actuellement en préparation. Mais c'est sûr que c'est pas non plus le top. Sidney a pris le son avec un MD sans mixette, et je dois dire qu'il s'est tout de même bien débrouillé pour le peu qu'on a fourni. J'avais un certain budget pour le film, et bon, y a des trucs sur lesquels il a fallu faire l'impasse. Après, chacun ses moyens, mais c'est vrai que quand on y pense, le manque de budget pour certains, c'est des gros moyens pour d'autres. Pour moi, ce film, il m'a ruiné. Alors que pour d'autres, il paraît manquer de budget.
Enfin bon, merci, mon cher Guillaume pour tout ce que tu dis. Surtout le dernier paragraphe qui montre que tu as tout compris au film. Super.

Bonjour !

Après quelques soucis de connexion, je peux enfin poster sur le forum.
Alors n'étant pas un expert dans la technique audio-visuelle,
mon avis sera simple, soyez indulgents

Je me dois tout d'abord de remercier Jonathan pour dès le départ
avoir apprécié ma nouvelle et voulu l'adapter.
Ayant vu maintenant le court plusieurs fois, je le trouve très réussi,
car Jonathan et toute l'équipe ont gardé l'esprit de l'histoire,
en y ajoutant leur cinéma, leurs inspirations, leur vision des choses
et leurs sentiments, alors pour ça bravo !

Il est vrai que les préparations et le tournage se sont passés
en peu de temps; alors là aussi le jeu des acteurs, le maquillage,
la photo et les lumières, tout est réussi compte tenu des moyens.

J'en profite pour vous donner également mes notes d'intention
en quelques lignes:

J’avais depuis un certain temps l’idée en tête d’écrire une nouvelle dont j’écrirais les quelques pages en une journée, une histoire où le lecteur
ne serait donc pas noyé dans les détails, mais qui le ferait quand même voyager, c'est pourquoi j'ai choisi cette situation dans laquelle le personnage principal raconte l'origine funeste de sa fortune.

Pour ce qui est de mes influences, un homme et une femme : Stephen King pour l’art de jouer avec une vie dans son plus simple appareil, confrontée au fantastique et à l’épouvante ; Agatha Christie pour la science de l’énigme, du huit clos et de l’humour British.

A bientôt
Frédéric Mingas

Merci beaucoup, Frédéric. Prochaînement, un mini-site internet consacré au film apparaîtra sur le site Falcon Movies.
En attendant, voici le nouveau montage du film, tel qu'il apparaîtra sur le mini-site et sur le dvd en préparation. De plus, tu peux le voir en HD.
http://fr.youtube.com/watch?v=xhkVdNX-Bok
Le son y a été amélioré, même si je reconnais que c'est pas non plus ce qui se fait de mieux, quelques nouveaux effets sonores y ont été rajoutés, mais c'est surtout le fameux faux raccord du moment où il lui plante le couteau qui a été corrigé. Je pense que le film en sort grandit. Enfin, de toute façon, il s'agit de ma final cut, lol.

Bonjour Frederic et ravi en tout cas que le film te plaise, et d'avoir accepté que quelqu'un se rapproprie ton univers pour en faire quelque chose de personnel et cinématographique (beaucoup ne comprennent pas le travail d'adaptation). Tiens nous au courant de tes activités littéraires en tout cas !